Hélène Routhier
Démarche artistique
Ma pratique
Peintre graveur, j’utilise des médiums à l’eau et à l’huile sur des supports multiples.
L’hiver je peins à l’encre, dehors sous -10 Celsius, à plat sur le papier, avec de l’encre acrylique. Je poursuis mes recherches avec cette technique depuis 20 ans. Le froid hivernal imprime ses traces de givre et de flocon de neige dans le papier. Il agit sur les pigments de manière aléatoire, par séparation des couleurs, congélation et sédimentation. Lorsque ce travail ne donne pas un tableau, je récupère et cherche à faire évoluer ce qui est là avec des techniques mixtes.
En gravures j’utilise les techniques de collagraphie, de pointe sèche et de monotype.
Ma recherche
Depuis plusieurs années je puise mon inspiration dans nos modes d’extraction, d’exploitation des ressources de la terre, de l’utilisation que nous en faisons dans notre vie quotidienne et, au bout du processus, de l’impact sur l’environnement et le territoire.
L’intervention de l’hiver dans ma peinture donne des motifs uniques. Au delà de son intérêt plastique, les résultats du froid dans mes tableaux parlent de son importance pour la survie sur terre. L’encre acrylique que j’utilise est un polymère à base de pétrole. Par mes oeuvres, ce fossile vient dire lui-même les conséquences désastreuses de son exploitation.
En gravure j’aborde l’ère de l’anthropocène en traitant de l’usage des ressources de la terre dans la confection des emballages que nous jetons tous les jours, et dont nous retrouvons des traces dans l’environnement sous la forme de plastiglomérats. À la fin de la journée de travail en gravure, je récupère l’encre restante sur la table. Ce geste respectueux pour la ressource donne des monotypes tout en mouvement.
C’est l’abstraction qui m’intéresse. Le premier geste avec la matière amorce un dialogue avec ce qui se passe sur le support. Peindre et graver deviennent une danse avec l’aléatoire.